Parcelle
Atelier
Mégane Millet-Lacombe, paysagiste
Paysage ?
« Paysage désigne une partie de territoire telle que perçue par les populations, dont le caractère résulte de l’action de facteurs naturels et/ou humains et de leurs interrelations » *4.
Le paysage est donc la résultante de différentes perceptions. Il est lié au sentiment personnel, à l’émotion, émanant de l’interprétation de tout ou partie des éléments signifiants présents sur un espace, un lieu, un site ou un territoire.
Le paysage n’existe donc pas sans l’interprétation d’un observateur, dont le point de vue est personnel et la vision changeante, mais requiert un certain nombre de capacités in situ (présences et qualités sur le terrain) autant qu’in visu (références et modèles dans le regard social). Cette définition introduit également l’idée de la fabrication du paysage à travers différents facteurs. En effet chaque paysage, aujourd’hui reconnu « par les populations », résulte d’un sentiment suscité par une transformation des territoires relevant à la fois de nécessités pratiques (technique, économique…) et de projections éthiques (philosophies, idéologiques, esthétiques…). Il est donc préférable, afin de ne pas confondre le territoire brut et le paysage, de parler de « sentiment paysager »*5 qui relie les différentes dimensions à la fois sociales, géographiques et temporelles qui vont être amenées à se transformer par ce projet. Le terme de sentiment se rapporte aux émotions, étymologiquement ce qui met en mouvement. Il n’y a donc paysage qu’après avoir été ému, mis en mouvement par le regard. Le paysage est la résultante d’une émotion et suscite un sentiment.
Le but est de poser la question d’habiter*6 un territoire façonné notamment par des paysages, c’est-à-dire par de précédentes interprétations et projections. Habiter, c’est occuper un lieu, vivre dans un espace qui offre les conditions nécessaires de vie et d’épanouissement et dont le paysage est l’une des conditions essentielles.
Le paysage n’est donc pas immuable, il est en perpétuel mouvement et changement, soumis aux interactions, bien sûr entre l’Homme et la nature, mais aussi, et peut-être surtout, au sein de la relation Homme/Nature, entre différentes références sociales et modèles culturels. Il ne faut donc pas confondre conservation et paysage.
*4. À propos de la Convention. Convention européenne du paysage Available at : https://www.coe.int/fr/web/landscape/about-the-convention.
*5. Parret, H. Le sentiment de paysage. – Actes Sémiot. (2008).
*6. Besse, J.-M. Habiter : un monde à mon image. (2013).
« Intervenir n’est pas de se juxtaposer à une agglomération d’objets ; c’est par un jeu d’éléments ou de fractions, réinventer le donné dont on part. » (B. Lassus, 1994)